Principe des tables de tir

Pas de tir Aigremont 2013
Pour ceux qui ne connaissent pas du tout le monde la Pyrotechnie, quelques explications s'imposent pour comprendre le projet PiFire.

Comment tire-t-on un feu d'artifice ?


Nous avons tous tiré des pétards dans note enfance. Ces artifices très simples sont composés de poudre contenue dans un cylindre en carton et d'une mèche qu'on enflamme. La mèche est souvent un bout de papier recouvert de poudre.
Tous les artifices fonctionnent de la même façon : un contenant avec de la poudre, et une mèche pour l'allumer. Seule la forme du contenant et la composition du mélange de poudre détermine le type d'artifice et son effet.

Pour en savoir plus sur les artifices :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Pyrotechnie#Technique_:_artifice_de_divertissement.2C_diff.C3.A9rents_syst.C3.A8mes_pyrotechniques 
http://tpe-feux-artifice.e-monsite.com/ (joli travail d'étudiants !)
Sur les mèches :
http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8che_(pyrotechnie)

Naturellement, on imagine bien que sur un feu de 25 minutes synchronisé sur une bande son il ne va pas y avoir de nos jours des petits lutins qui vous aller enflammer un à un les artifices sur le champ de tir (par contre cela a longtemps été le cas ...).

La révolution des systèmes de tir est l'inflammateur électrique. Le principe est tout bête. Un fil, une résistance plongée dans une goutte de mélange très inflammable. Quand un courant circule dans le fil la résistance chauffe et allume la goutte. Si l'inflammateur est fixé à ce moment à une mèche, elle va se consumer.

Des détails sur les inflammateurs :
http://www.pyrobdd.net/accessoires.php

Note : de nombreuses vidéos sur Internet proposent de faire vous même des inflammateurs. C'est une très mauvaise idée. Déjà c'est une économie dérisoire par rapport au prix des artifices. Ensuite les montages proposent au choix : des inflammateurs dangereux qui vont "partir" à la première étincelle ou des inflammateurs tellement rustiques que je doute qu'ils partent jamais à part en condition de laboratoire. Donc soit vous aller perdre une main, soit votre feu ne partira pas. Les inflammateurs du commerce ont - entre autres - besoin d'une intensité de courant non négligeable pour s'enflammer, sont résistants à la pluie et présentent un taux de succès élevé ...  ils sont donc un gage de sécurité et de succès du feu.

La magie de l'inflammateur c'est de convertir la source d'allumage du briquet on passe à l'électricité. Et là le monde de la table de tir s'ouvre à nous.

Une table de tir c'est tout bête : c'est un ensemble de boutons (ou autre) qui vont envoyer de l'électricité sur des bornes reliées à des inflammateurs. C'est tout. C'est le projet que ce blog aborde. Mais alors pourquoi se prendre la tête sur ce sujet alors qu'une planche avec 30 interrupteurs suffit ? Cela est lié à la façon dont on installe et on conçoit un feu.

Les problématiques du tir

Rapidement quand on tire un feu d'artifice on passe du monde idéal de la théorie aux bêtes contraintes physiques et c'est là que la nécessité de complexifier les tables de tir se fait sentir, ce qui nous amène aux tables modernes.

La sécurité

Une bombe de 100mm a - plus ou moins - une distance de sécurité de 100m. Prenons un feu moyen où il y a 50 tubes de 100mm à lancer. Avec des grappes, cela fait 10 racks. Un fil par rack, 100m, 10 racks ... vous venez de tirer 1km de fil pour votre bouquet final. Naturellement les artificiers sont souvent plus proches des batteries que le public, mais vous avez l'idée.
Une bonne table de tir vous permet de connecter vos artifices proches de ceux-ci, et de tirer l'ensemble loin. C'est pour ça qu'il existe les techniques de multi-paires, les borniers déportés etc. (voir plus loin)

La certitude que le feu partira

Vous connectez des dizaines d'inflammateurs à vos boîtiers. Vous faites des épissures dans tous les sens. Bref, vous ne savez rapidement plus où vous en êtes.
Heureusement il y a un moyen simple de s'assurer que tout es branché : la conductivité de vos lignes. En effet, un inflammateur quand il n'est pas brûlé conduit l'électricité (c'est le principe ...). Donc si vous envoyez un courant très faible dans vos lignes et que vous avez un moyen (LED ou récolte numérique des résultats) de savoir si le courant passe, vous êtes certain que votre ligne est connectée.
Les tables de tir intègrent donc toutes un moyen de savoir si vos lignes sont bien connectées, d'où l'existence de circuits de test.

Les séquences et le calage musical

Si vous avez vu un feu musical récemment, vous avez remarqué combien le feu était bien calé sur la musique. Ce n'est pas magique : le feu est commandé par la table en fonction de la musique. Il existe plusieurs solutions pour obtenir ce calage parfait (timecode sur la bande son, ou alors la table qui diffuse la musique elle-même ...), mais toutes ces solutions passent par un principe unique : un fichier de tir. Quelque part dans la table il existe un processeur qui va lancer les impulsions électriques en fonction du temps. Par exemple : top+1min, je lance les bengales, top+2min je lance les comètes etc.
L'autre application de cette technique ce sont les séquences ou rafales. Imaginez-vous lancer à la main 50 artifices pour obtenir une jolie séquence partant de gauche à droite ... il faut que cela soit informatisé.

Pour exemple regardez cette vidéo à 2min40 (d'ailleurs vous pouvez la regarder en entier, c'est une merveille) :


La simplicité d'installation

Vous avez un joli feu, et il est encore plus beau quand vous écartez un maximum vos artifices pour gagner en largeur (note : c'est souvent ce qu'oublient les amateurs, si vous tirez plusieurs artifices en même temps écartez les au maximum !). De plus entre deux postes de tir vous pouvez avoir des obstacles allant du buisson (pas trop grave) au lac (très gênant). Une table de tir doit permettre de commander des postes en un point central tout en ayant des postes de tir éloignés. Cela revient aux réponses apportées par la sécurités : boitiers déportés, multi-paires, liaisons HF ...
Mortiers en action St Quentin 14 Juillet 2013
Ensuite il y a la question des retards. Prenons un exemple, vous voulez lancer 3 artifices (mettons des pots à feu) à 1s d'écart. C'est possible "physiquement" en mettant des retards (sortes de bouts de mèche lente) entre chacun de vos artifices. Mais cela est long à faire ... très long ... et si vous en avez 60 cela revient à y passer la journée. Une table de tir permet de lier chacun de vos artifices à une ligne différente, et si vous avez un programme de tir, elle fera elle-même le travail de les lancer au bon moment. Croyez-moi, cela vous sauve une journée d'installation !


Au regard des ces contraintes, voici en résumé ce que sont les tables de tir modernes :

  • des boîtiers disposés sur le champ de tir permettant de brancher les artifices en un minimum de temps avec peu de câble et d'épissures
  • un système de test permettant de savoir quelle ligne est connectée à quoi
  • un programme permettant de contrôler le tir à distance respectable des artifices et de lancer les artifices à partir d'un timer
Ensuite chaque système de tir a ses options, ses spécificités, mais dans l'ensemble si vous n'avez pas ces caractéristiques, la table de tir est mal foutue. Et c'est pourquoi le sujet de la table de tir n'est pas si simple et pourquoi je l'aborde dans ce blog.


La déportation du tir, un problème en soi


Comment nous venons de le voir, la capacité à déporter son tir est très important pour pouvoir mieux le gérer. Et pour déporter le tir, il existe plusieurs solutions.
La plus simple, ce sont les multi-paires. Ce sont des câbles avec de nombreux fils qui d'un côté ont des borniers pour brancher les inflammateurs et de l'autre une prise qui se branche à la table de tir. Dans l'ensemble c'est exactement le même principe que de tirer des lignes pour chaque artifice à la différence que les lignes sont déjà tirées et que les connecteurs sont proches des artifices.

Voici un exemple :

Source http://www.pyrotechnie.org/ auteur "yule33"

Ce système offre déjà un gain de temps majeur, mais il n'en reste pas moins qu'il faut tirer des câbles longs, lourds ... alors qu'il serait si simple de ne pas avoir de fil !

Quand on n'a plus de fils, un boitier central est relié par radio à des boîtiers répartis sur le champ de tir.

Voici un exemple de boitier "HF" :

Source http://www.pyrotechnie.org/ auteur "zigzag"
Plus de fils à tirer, on ajoute autant de boîtiers que nécessaire sur le terrain, on commande tout tranquillement à distance depuis la régie son, le bonheur.
C'est la théorie. En pratique c'est un peu plus compliqué. Dans une configuration "boîtier déporté avec multi-paires" on reste sur un configuration très simple : sur le terrain chaque élément est juste une "grosse multi-prise" sans aucune intelligence. Avec du HF, c'est une autre histoire : maintenant chaque boîtier doit être intelligent. Il doit avoir sa batterie, donc cela fait plein de batteries à vérifier. Il communique en HF donc il emporte de l'électronique un peu fragile. Bref la complexité qui n'était présente que sur le lanceur se retrouve sur chaque boitier, rendant l'ensemble, globalement, plus fragile.

Pour pallier à cette fragilité de l'ensemble tous les constructeurs ont leur solution. Des boîtiers capables de tirer seuls même si ils perdent la connexion avec le maître, des vérifications de batterie partout, la capacité de rapidement remplacer un boîtier défectueux pas un autre avec une simple opération sur le maître, etc, etc.
Tout cela permet d'augmenter la le taux de succès du tir, mais rend ces ensembles onéreux et assez inabordables pour un particulier.

C'est le pourquoi de ce projet PiFire : essayer de créer une table de tir ayant des qualités proches des tables professionnelles afin de pouvoir, sans se ruiner, pouvoir tirer des feux personnels.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire